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Traditions bourgeoisiales

"Vignolage" est le nom poétique donné à la traditionnelle journée du travail en commun de la taille des vignes (corvée de printemps). La journée est marquée par le son des fifres et tambours, qui donnent du moral aux troupes. Cet apport musical remonte au retour des soldats valaisans enrôlés dans les troupes de Napoléon. A Chandolin, un protocole de 1869 nous apprend que l'assemblée décide d'avoir un tambour à la vigne. Récit d'une journée de vignolage le 7 mars 2020 ...

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Dans le Val d'Anniviers, on ne boit pas de bières, mais le Vin du Glacier, généreux, naturel !
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Il s'agit certainement d'une tradition anniviarde parmis les plus connues. Et pourtant ... ! Qui peut se targuer d'en donner une définition représentative ? Avec la place que les bourgeoisies anniviardes occupaient dans la vie publique, elles se sont retrouvées à être les plus grandes "productrices" et détentrices de Vin du Glacier. Cette tendance s'est encore agrandie avec le déclin du remuage d'après guerre, où beaucoup de particuliers se sont sédentarisés et ont délaissé leur production. Mais depuis une vingtaine d'années, le Vin du Glacier connaît un nouvel essor.
Plus simplement appelé Glacier, ce vin est dit oxydatif. Il tire son caractère de nombreux éléments :
Cadre
Production
  • Dans le district de Sierre.
  • Vinification traditionnelle en plaine et encavage au printemps en Anniviers par méthode ancestrale (transvasage et/ou ouillage des fûts).
Elevage
  • Elevage dans une cave du Val d'Anniviers, à plus de 1'200 mètres d'altitude.
  • Fûts de mélèze, pas de mise en bouteille.
  • Durée d'élevage de minimum 15 ans à partir du premier millésime mis en fût.
  • Recapage annuel en cascade depuis les tonneaux les plus anciens au tonneaux les plus jeunes.
En dégustant un verre de Glacier à la cave, on déguste l'Histoire. Difficile de donner plus de détails "à distance" ! Néanmoins, un très bon ouvrage sur le sujet est disponible depuis 2021 et nous vous recommandons de jeter un oeil dans la bibliographie.
En Anniviers, une vieille tradition existe pour les personnes qui sont nommées à une fonction publique : celle d'offrir une channe à sa bourgeoisie pour sceller le fait dans le temps. Chandolin n'échappe pas à la règle.
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Etre servi à la channe

S'il y a bien un seul moment dans l'année où l'on se fait servir du vin à la channe, c'est lors des journées de la bourgeoisie. Cela peut paraître anodin au premier abord, mais quand on prend la peine de se questionner sur la raison, une nouvelle dimension s'ajoute à l'instant.

Peuple seigneur

La channe était autrefois un accessoire aristocratique que l'on ne retrouvait que sur les tables des seigneurs ou des familles aisées. Durant la féodalité, les habitants d'Anniviers ont pu bénéficier de premières libertés avant-gardistes en 1266 déjà. Et ils y ont pris goût !

Afin de gérer les biens de manière a en tirer le meilleur rendement, ils ont compris qu'il fallait s'organiser et constituer une communauté publique (prémices des bourgeoisies) par village. Au fil du temps, les seigneurs d'Anniviers se sont endettés pour leurs campagnes militaires d'extension. Les anniviards ont alors compris qu'ils pouvaient négocier encore plus de libertés contre finance. Au gré des siècles, la population est devenue de moins en moins soumise et l'institution publique de plus en plus puissante. On pense alors que les bourgeoisies ont symbolisé ce pouvoir en transférant la channe de la table des seigneurs à la table du peuple, et même en définissant que les représentants élus remercieraient la communauté en lui offrant une channe.
Channes de Chandolin

A l'heure actuelle, la cave bourgeoisiale contient 38 channes en étain. Elles sont toutes de type baluste à piédouche évasé. La plupart n'ont pas de chaîne. Les pouciers sont tous munis de têtes de béliers opposées, à l'exception de 2 exemplaires récents qui comportent des glands. La plus ancienne date de 1631, soit un an après la construction de la cave actuelle. 6 autres channes âgées (1820-1850) ne comportent que des initiales sur le couvercle.

Potiers d'étain

Les insignes lisibles qui figurent sur les diverses channes correspondent aux potiers suivants :

  • Giovanni del Barba
  • J. Alvazzi
  • LML Maciago
  • Della Bianca
 Modèle bourgeoisial
A l'heure actuelle, les channes sont acquises auprès du potier de Viège Della Bianca. Ce dernier a par ailleurs conçu deux modèles spécifiques qui sont exclusivement réservés aux bourgeoisies valaisannes. Ils reprennent les formes traditionnelles. Ces channes sont de qualité supérieure. Elles sont réalisées par moulage et non par emboutissage de tôle. Cela peut facilement se reconnaitre au poids et au son clair produit lorsque l'on tape avec un objet métallique contre le pied tout en tenant la channe d'un doigt par la anse.
"La commune est l'institution qui prend (impôts), la bourgeoisie est l'institution qui donne (compra)". Voilà en une phrase la perception que les villageois avaient des 2 organismes qui se partageaient les tâches de la vie publique. Dans les faits, rien n'a changé ; la bourgeoisie continue de faire bénéficier ses ayants droit alors qu'elle n'encaisse pas d'impôts, contrairement aux autres collectivités publiques.
Etiquette Compra
Définition

En patois, la Compra (kómpra) signifie une répartition d'une part du bénéfice de la bourgeoisie réalisé lors du dernier exercice.

Autrefois
Les revenus de la bourgeoisie provenaient de la vente du vin et du bois ainsi que ceux de la vente à l'enchère des diverses récoltes de ses biens, comme les noix et les sureaux de Fang. Parmi les dépenses, il y avait les impôts que la bourgeoisie payait à la commune, les journées faites par les bourgeois et les Conseillers et divers travaux de réparations, etc.
Le solde était mis en espèce sur la table du Conseil qui décidait alors de la répartition du résultat. Des provisions étaient toujours faites en vue de dépenses extraordinaires de l'année suivante. Le reste était partagé entre les bourgeois actifs et domiciliés dans la juridiction : la Compra.
Celle-ci s'élevait à CHF 6.- par personne en 1865 et à CHF 50.- en 1981. Cette répartition en liquide s'est maintenue jusque en 1989.
Changements

Avec l'entrée en vigueur de la loi sur les bourgeoisies en 1989, l'art. 13 a défini qu'une somme d'argent ne peut être allouée aux bourgeois ayants droit domiciliés que pour des raisons sociales ou pour des considérations d'intérêt général et dans la mesure où la situation financière le permet.
En parallèle, de moins en moins de bourgeois actifs étaient domiciliés dans la juridiction (ex : Muraz, Chippis) et il a fallu trouver une alternative pour maintenir cette tradition ; l'art. 12 précise que la jouissance des biens en nature est définie dans le règlement bourgeoisial ...
Il suffisait donc de définir une répartition en nature dans le règlement bourgeoisial, ce qui est le cas par l'article 9.

Depuis lors et aujourd'hui

Depuis, la Compra est distribuée aux bourgeois actifs qui assistent à l'assemblée, sous forme de bouteilles de vin ; excédent de production qui ne sert pas au ménage courant de la bourgeoisie. Fin 2019, le Conseil a décidé de marquer les 30 ans de cette distribution en nature en réalisant une nouvelle étiquette pour ses bouteilles (cf. ci-contre), basée sur le billet de CHF 100.- mais reprenant pleins de symboles liés à la Bourgeoisie de Chandolin, car au final ... la compra est toujours distribuée en liquide ...

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